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Publié le par tchoua

Moise Salamanda, 27 ans, envisage d’abandonner le métier qu’il exerce depuis quatre ans.

 

C’est un jeune homme visiblement heureux que nous accostons en plein centre de Kribi ce jeudi. Moise Salamanda est benskineur et fier de l’être. C’est le métier qu’il connaît le mieux et il l’exerce dans le meilleur des mondes, sa ville natale, dont il connaît les moindres pistes, comme sa poche. Une raison de sa fierté, c’est aussi sans doute son revenu. Etre conducteur de moto à Kribi, ça rapporte, quant  on s’y adonne. Sa journée de travail  débute tous les jours dès 6h. Et généralement, elle s’arrête à 21h. Parfois, selon l’affluence des clients la nuit, il peut choisir de poursuivre  jusque minuit.  Tout ceci, pour un salaire moyen de  5000 F par jour, soit 150000 F par mois. Un véritable trésor dans la petite ville de Kribi.

Mais malgré tous les privilèges, une seule pensée habite depuis peu toutes les pensées de Moise. Abandonner le métier de benskinneur. Tel un appel céleste, il l’entend résonner sans cesse dans son esprit. « C’est un métier à risque. Tu essuies des dangers sur les routes tous les jours. Tu peux être bien formé, mais ça ne suffit pas. Un chauffeur mal forme ou mal  intentionné peut te foncer droit dessus. Et c’est à l’hôpital que tu te retrouves. De plus, nous faisons face à beaucoup de problèmes de santé avec la poussière et la fumée que nous aspirons » se plaint-il. Le mépris de certains clients constitue aussi son lot quotidien. En fait, il n’a jamais souhaité devenir conducteur de moto taxi.

Orphelin de père à sa naissance, Moise Salamanda bénéficie de l’encadrement de sa mère de sa grand-mère et de son oncle. Ce dernier, voyant son neveu buter 3 année de suite sur le probatoire, décide de l’aider. Il lui achète une moto. Pour Moise, c’est la joie, mais au fil du temps, cette joie s’est commuée en crainte. Sur les routes, Moise a vu plusieurs collègues se fracturer les membres dans des accidents. Et lui même, sans papier et sans permis de conduire, il doit « graisser la patte » des policiers à chaque barrage. Une situation qui l’exaspère. Mais qu’y faire ? Après avoir laissé tomber stylos, cahiers et livres, il a fait deux fois le concours de l’armée. En vain. Désormais, c’est dans l’immobilier qu’il entend  faire carrière. Et à observer la brillance de ses yeux quand il le dit, on comprend que Moise a bien une idée dans la tête, ou peut-être un bâton béni, comme son homonyme des saintes écritures. En tout cas, il l’entrevoit sans tracasseries, ni accident, son avenir en béton.   

Hugues Marcel TCHOUA et Christelle TELEWOU (stagiaire)

-Moise Salamanda : « un benskineur mal formé est en danger tous les jours.»

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