Monde arabe : qu’est-ce qui enflamme les jeunes ?

Publié le par Hugues

 Le mouvement de contestation qui a renversé le régime de Ben Ali en Tunisie tend à gagner d’autres pays.

tunis bras

 

Tout commence par une scène quasi banale, comme on en voit souvent dans de nombreuses villes d’ici et d’ailleurs. Un jeune vendeur ambulant de fruits et légumes se voit délester de sa marchandise par la municipalité de Sidi Bouzid, une ville moyenne du Centre de la Tunisie, faute d’autorisation officielle. La suite, vous la connaissez. En effet, le suicide du Tunisien Mohamed Bouazizi, à Sidi Bouzid, le 17 décembre dernier, a déclenché les troubles sociaux ayant abouti au départ du président Zine el-Abidine Ben Ali du pouvoir.                                        

Toutefois, il est à noter que cet incident déclencheur est venu se greffer à un large éventail de récriminations du peuple tunisien. Selon Jean Claude Atangana, enseignant en Relations internationales à l’université de Yaoundé II, le pays vit depuis les 20 dernières années sous le pouvoir de la famille Trabelsi qui dirige la mafia politico-économique et sociale. Après avoir pris les rênes du pays par un coup d’Etat en 1987, le chef de famille, Ben Ali, n’a pas cessé de pourchasser ses opposants, bafouant régulièrement au passage les droits de l’homme. Pour « espérer exercer une parcelle d’autorité ou même occuper un emploi », il faut « être affilié à la famille Trabelsi ». « La corruption est érigée en mode de promotion sociale », commente le chercheur. C’est le fort taux de chômage des jeunes nantis de diplômes, ajouté aux « frustrations » sociales et même à des humiliations de la part des forces de l’ordre qui, selon Jean Claude Atangana, ont constitué le cocktail explosif.                                                                    

Et même si certains estiment que la révolte tunisienne reste à ce jour inachevée, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle n’aura pas attendu sa fin pour se propager. La « Révolution » tunisienne a provoqué une onde de choc dans le monde arabe. Des manifestations et/ou des immolations ont déjà eu lieu en Algérie où, depuis le 12 janvier, huit tentatives de suicide par immolation par le feu ont été recensées. Une manifestation interdite « pour la démocratie » réprimée par la police a toutefois fait plusieurs blessés en plein Centre d'Alger.       

Des scènes de détresse sont également enregistrées  en Egypte, au Maroc, en Jordanie, en Arabie Saoudite, en Palestine, à Oman, au Yemen, en Syrie ou au Soudan.  Pour Amr Hamzawi, du centre pour le Moyen-Orient de la fondation américaine Carnegie, ces immolations « clairement inspirées par les événements de Tunisie », témoignent du « désespoir total » d'une grande partie des populations arabes et de l'incapacité des régimes autoritaires d’y répondre.  

Conscients du risque, la Libye, la Mauritanie et la Jordanie ont tôt fait de tenter une parade en baissant les prix des produits de première nécessité. Mais la révolte couve, signe d’un profond malaise. Les jeunes prennent conscience de leur pouvoir, mettant à contribution les nouvelles technologies, notamment Facebook et Twitter pour appeler à suivre l’exemple tunisien. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé les 22 membres de l'organisation à « saisir la leçon tunisienne » pour s'attaquer aux défis sociaux et économiques.

 

H. M. T.

Publié dans International

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